Le Dernier des six voir ce complet film QHD

Le dernier des six - la critique du film

L'argument : Il y a près de cinq ans, six amis ont promis de se rĂ©partir Ă©quitablement l’argent qu’ils auront accumulĂ© au cours des cinq annĂ©es Ă  venir. Alors que le jour du partage se rapproche, les compagnons meurent l’un après l’autre.

Notre avis : Bien que mineur, Le Dernier des six. outre le fait qu’il est très attachant, est Ă©trange Ă  plus d’un titre ; d’abord par une Ă©tonnante sĂ©quence de music-hall, Ă  la Busby Berkeley, dans laquelle on retrouve le point de vue impossible, mais aussi de stupĂ©fiants trucages qui font, par exemple, tomber une danseuse dans un verre… Étonnante, mais aussi dĂ©tonante dans le cadre d’un policier qui se veut rĂ©aliste. Elle est d’autant plus dĂ©calĂ©e qu’elle ne sert pas Ă  rompre une tension par ailleurs assez lĂ©gère. On est bien sur un moment gratuit, presque autonome dans lequel on peut voir Ă©galement une volontĂ© de la Continental, qui produisait lĂ  son deuxième film, de viser le prestige en pĂ©riode d’Occupation. Ce n’est ni vraiment rĂ©ussi, ni vraiment ratĂ©. Simplement Ă©tonnant.

Mais ce n’est pas la seule Ă©trangetĂ©. la poursuite finale, dans une carrière labyrinthique, elle aussi incongrue, avec de plus une chute singulière, joue sur les ombres d’une manière quasiment expressionniste. Cette esthĂ©tique, Ă  mille lieues de celle qui prĂ©vaut dans le monde du cabaret, est propice Ă  la description des intĂ©rieurs du groupe, ou de la chambre minable dans laquelle l’un d’eux meurt. Lacombe s’y rĂ©vèle audacieux et finalement rĂ©ussit Ă  combiner des Ă©lĂ©ments aussi disparates. De mĂŞme certaines idĂ©es ont-elles une certaine efficacitĂ©, voir par exemple les gros plans de mains quand les amis attendent le retour du sixième.

Mais le film tire surtout sa rĂ©putation de son scĂ©nariste prestigieux, Clouzot, qui reprendra le hĂ©ros interprĂ©tĂ© par Pierre Fresnay l’annĂ©e suivante dans son L’assassin habite au 21. S’il adapte un roman de Steeman, il ajoute le personnage de Suzy Delair, idiote insupportable qui ne sera pas pour rien dans le succès. Il faut dire qu’elle est rĂ©jouissante de mauvaise foi, et Clouzot lui rĂ©serve des rĂ©pliques de haut vol. D’une manière gĂ©nĂ©rale, les dialogues sont d’ailleurs très Ă©crits (voir le gimmick. « patient mais. »), ils sentent le mot d’auteur très « qualitĂ© française » mais par l’abattage de comĂ©diens rompus Ă  tous les exercices. On s’Ă©merveille de leur impeccable diction qui fait passer pour naturelles des phrases artificielles en diable, on se rĂ©jouit de voir les numĂ©ros de Jean Tissier, hĂ©las peu prĂ©sent, ou d’AndrĂ© Luguet. Mais c’est Ă©videmment le couple vedette qui Ă©pate constamment. la dĂ©sinvolture de Fresnay, qui ne semble pas bien prĂ©occupĂ© par l’enquĂŞte, s’oppose aux crises de Suzy Delair ( la recherche du gant est un grand moment) et leur duo prend le pas sur une intrigue dont tout le monde se moque.
Pour nous, Le Dernier des six est aussi un document sur un Paris disparu, celui des cabarets mais Ă©galement celui des hĂ´tels miteux et des quartiers pauvres, mĂŞme si le film, tournĂ© en studio, pendant l’Occupation, a quelque chose d’irrĂ©el. AjoutĂ©e Ă  des jeux d’acteurs passionnants, Ă  des rĂ©pliques d’une grande drĂ´lerie, cette valeur testimoniale donne une Ĺ“uvre certes superficielle, mais au charme indĂ©niable.

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